L’Évangile au fil des siècles

Qu’est-ce que l’Évangile ? Presque tout le monde pense que c’est un message qui provient du Nouveau Testament, mais la vérité est qu’il est beaucoup plus ancien.

Pour beaucoup à l’heure actuelle, la proclamation du royaume de Dieu et son personnage principal, Jésus de Nazareth, n’est qu’une bonne histoire, un scénario pour un film ou une comédie musicale. Mais au sens biblique du terme, l’Évangile, ou la « bonne nouvelle », fournit des informations sur le grand dessein que Dieu a sur la terre, qui reste autrement méconnu. Dans une épître, l’apôtre Paul la définit comme étant ce que « [Dieu] voulait faire dans le Christ depuis toujours. Ce projet, Dieu voulait le réaliser au temps choisi par lui : rassembler tout ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre, sous un seul chef, le Christ » (Éphésiens 1 : 9-10, Bible Parole Vivante).

« Il nous a fait connaître son plan secret que, dans sa bienveillance, il avait décidé par avance de réaliser par le Christ. Ce plan, que Dieu achèvera à la fin des temps, consiste à réunir tout ce qui est dans les cieux et sur la terre sous un seul chef, le Christ. »

Éphésiens 1 : 9-10, Bible en français courant

Paul fait dans ce passage une description générale de l’Évangile qui englobe la totalité du plan de Dieu pour l’humanité et toute la création. Ses mots ne sont qu’une manière d’exprimer l’Évangile et son dessein. Il mentionne le Christ, mais pas expressément son royaume à venir, même si c’est impliqué.

L’apparente omission n’est pas aussi étrange qu’au premier abord. Si vous étudiez la Bible pour comprendre comment Dieu a communiqué la bonne nouvelle de son dessein au fil des siècles, il ressort un modèle de thème et de variations. Il n’est pas toujours exprimé de la même façon, même s’il présente des éléments communs. Dans cet article, nous allons retracer ces variations au fil du temps.

Au commencement

Pour la plupart des gens aujourd’hui, l’Évangile fait penser à l’enseignement du Nouveau Testament. Pourtant, comme nous allons le voir, le message du plan et du dessein divin s’étend sur toute la Bible. Au tout début de l’humanité, il est présenté par le concept de manger de « l’arbre de la vie », un acte qui fournissait la clé d’une bonne relation avec Dieu et qui permettait à l’homme de vivre non pas temporairement mais éternellement. Le fait de manger de l’arbre de la vie peut être compris comme la possibilité d’avoir accès au Saint-Esprit et de l’utiliser. Dans le récit de la Genèse, lorsque Adam et Ève sont chassés du jardin, l’une des conséquences est qu’ils ne peuvent plus avoir accès à l’arbre de la vie et donc à la vie éternelle (voir Genèse 3 : 22-23).

Aucune mention n’est faite du futur rôle du Christ en tant que Sauveur de l’humanité, qui fait sans aucun doute partie du plan de Dieu. Mais dans le même livre, certaines références indirectes sont faites au salut spirituel qui vient du Christ. À partir de ces références, vous pouvez en conclure que très tôt dans l’histoire, des gens ont compris les implications.

Par exemple, s’adressant à Satan dans le jardin d’Éden, Dieu dit : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon » (Genèse 3 : 15). La blessure qu’inflige Satan à l’enfant de la femme est considérée comme étant la mort du Christ lors de son premier avènement. La blessure que subit Satan fait référence au deuxième avènement du Christ, lorsque Satan, selon les Écritures, ne pourra plus accéder à l’humanité. Paul a écrit à la congrégation de Rome que ceci serait accompli et qu’ils y prendraient part : « Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous ! » (Romains 16 : 20). Le peuple ressuscité de Dieu triomphera de Satan au retour du Christ. C’est assurément un autre aspect de la bonne nouvelle de Dieu.

Des patriarches jusqu’aux prophètes

Dieu a fait une promesse particulière à Abraham, le patriarche du peuple qui fut plus tard connu sous le nom d’Enfants d’Israël. Il déclara : « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Genèse 12 : 3). De quelle manière allait avoir lieu cette bénédiction pour toute l’humanité ? De nouveau, l’apôtre Paul fournit des informations essentielles : « Aussi l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations seront bénies en toi ! » (Galates 3 : 8). Il voulait dire que Jésus, en tant que descendant d’Abraham, accomplirait la promesse divine de réconcilier toute l’humanité avec lui. Cette version de la bonne nouvelle se limite à cet aspect et ne parle pas de royaume, de réconciliation avec toute la création, ou de la mort d’un sauveur. Mais on a l’impression que la bonne nouvelle de la mission du Christ pour le monde entier fut déjà proclamée par le biais d’Abraham à son époque. Pourtant, cette période est rarement considérée pour définir des moyens par lesquels la propagation de l’Évangile a eu lieu.

De plus, lorsque Abraham fut prêt à offrir son fils Isaac en sacrifice, il a illustré, de manière limitée, le rôle du Père dans la mort sacrificielle de Jésus. Dans Genèse, nous lisons qu’un ange dit à Abraham : « N’avance pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien ; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé [ou « épargné »] ton fils, ton unique » (22 : 12). Paul a écrit : « Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ? » (Romains 8 : 32). Donc Abraham a représenté jusqu’à un certain point ce que Dieu le Père allait faire plus tard de manière complète. Ce faisant, il a illustré une partie de la bonne nouvelle.

Durant la période précédant la venue du Christ, à chaque fois que cette partie de l’histoire du patriarche Abraham était racontée, la bonne nouvelle de la réconciliation avec Dieu par la mort sacrificielle du Christ était annoncée. Et il existe certaines preuves qui montrent qu’Abraham comprenait à un certain degré ce que le Christ allait faire. Jésus a déclaré aux chefs religieux : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour : il l’a vu, et il s’est réjoui » (Jean 8 : 56).

Quelle est l’essence du message de l’Évangile que nous avons jusqu’à présent découvert ? C’est que Dieu a un grand dessein pour l’humanité, un dessein qui comprend la vie éternelle et un Sauveur qui sera sacrifié.

Penchons-nous sur un autre exemple d’expression de la bonne nouvelle.

L’épître aux Hébreux fait une observation très intéressante sur le message de l’Évangile à l’époque de « tous ceux qui étaient sortis d’Égypte sous la conduite de Moïse » (3 : 16). L’auteur de l’épître a écrit : « Craignons donc, tandis que la promesse d’entrer dans son repos subsiste encore, qu’aucun de vous ne paraisse être venu trop tard. Car cette bonne nouvelle nous a été annoncée aussi bien qu’à eux ; mais la parole qui leur fut annoncée ne leur servit de rien, parce qu’elle ne trouva pas de la foi chez ceux qui l’entendirent » (Hébreux 4 : 1-2).

Certaines traductions utilisent le terme « Évangile » au lieu de « bonne nouvelle », ce qui n’a rien d’étonnant. La bonne nouvelle à l’époque des anciens Israélites était qu’ils allaient entrer dans un pays physique, promis, un pays de repos – qui est un genre de royaume de Dieu, comme l’épître aux Hébreux le montre plus tard (voir 4 : 6-11).

En poursuivant notre observation du message délivré par les prophètes, qui furent envoyés comme des serviteurs vers les Israélites, nous voyons que la future instauration du royaume de Dieu sur la terre fut souvent un sujet central dans leurs écrits. Ils ont donc prêché l’Évangile en ce sens.

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière… »

Ésaïe 9 : 2, Bible Darby

Il semble que certains connaissaient plus de détails que d’autres. Ésaïe, par exemple, a prédit le premier et le second avènement du Christ. Il a écrit : « Les temps à venir couvriront de gloire la contrée voisine de la mer, au-delà du Jourdain, le territoire [la Galilée] des Gentils. Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort une lumière resplendit (Ésaïe 9 : 1-2). Ce passage fait référence au premier avènement du Christ en tant qu’homme venant de Galilée. Ésaïe poursuit en parlant de la naissance du Messie : « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné » (verset 6). Puis il y a un laps de temps qui s’écoule. Ésaïe révèle ensuite des détails qui ne s’appliquent qu’au deuxième avènement du Christ. « Et la domination reposera sur son épaule ; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. Donner à l’empire de l’accroissement, et une paix sans fin au trône de David et à son royaume, l’affermir et le soutenir par le droit et par la justice, dès maintenant et à toujours » (6-7).

Le prophète Daniel a fourni des informations qui font allusion au premier avènement du Christ et au-delà (Daniel 9 : 24-27). Il a également écrit sur les préparations au deuxième avènement du Christ : « Je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme ; il s’avança vers l’ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne ; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit » (Daniel 7 : 13-14).

Il ne fait aucun doute qu’il a été donné à Daniel de pouvoir comprendre beaucoup de choses sur l’avenir, mais le degré de compréhension que lui ou les autres prophètes ont eu est résumé par des passages comme celui-ci : «  J’entendis, mais je ne compris pas ; et je dis : Mon seigneur, quelle sera l’issue de ces choses ? Il répondit : Va, Daniel, car ces paroles seront tenues secrètes et scellées jusqu’au temps de la fin. Plusieurs seront purifiés, blanchis et éprouvés ; les méchants feront le mal et aucun des méchants ne comprendra, mais ceux qui auront de l’intelligence comprendront » (Daniel 12 : 8-10).

Une compréhension progressive

Le Nouveau Testament montre qu’une compréhension plus approfondie de la bonne nouvelle du royaume de Dieu a été fournie au fil du temps. Jésus a dit à ses disciples qu’ils avaient le privilège de comprendre ce que d’autres n’avaient pas compris dans le passé. Il leur dit : « Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu » (Matthieu 13 : 17).

Lorsque l’apôtre Pierre écrivit sur le même phénomène, il mentionna que les anciens prophètes savaient que seules les générations futures comprendraient ce qu’ils avaient écrit sur le plan de Dieu pour l’humanité. Il a déclaré : « Les prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce qui vous était réservée, ont fait de ce salut l’objet de leurs recherches et de leurs investigations ; ils voulaient sonder l’époque et les circonstances marquées par l’Esprit de Christ qui était en eux, et qui attestait d’avance les souffrances de Christ et la gloire dont elles seraient suivies. Il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils étaient les dispensateurs de ces choses, que vous ont annoncées maintenant ceux qui vous ont prêché l’Évangile par le Saint-Esprit envoyé du ciel, et dans lesquelles les anges désirent plonger leurs regards » (1 Pierre 1 : 10-12).

Donc les détails de la bonne nouvelle sur le plan divin sont progressivement révélés au fil du temps. La bonne nouvelle, telle qu’elle fut annoncée à Marie, la mère de Jésus, avant la naissance de ce dernier, était très spécifique : « Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut,  et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura point de fin » (Luc 1 : 31-33).

Lors du premier avènement du Christ, l’annonce était que Dieu allait instaurer son royaume sur la terre, mais que la mort sacrificielle de Jésus – élément essentiel à la bonne nouvelle de la réconciliation – devait avoir lieu avant cet évènement. De nouveau, c’est Marie qui reçut cette information assez tôt : « Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l’âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées » (Luc 2 : 34-35).

De son vivant, Jésus a fait connaître son rôle immédiat dans l’accomplissement de la bonne nouvelle du royaume de Dieu à venir. Au début de son ministère, il alla à la synagogue de sa ville natale de Nazareth et lut le passage, tiré du livre d’Ésaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ;  pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, Pour publier une année de grâce du Seigneur ». Avant d’ajouter : « Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie » (Luc 4 : 18-19, 21).

Ésaïe 61, d’où ce passage est tiré, fait d’autres références au second avènement du Christ. Mais Jésus a arrêté de le citer en pleine phrase. Il n’a pas tout expliqué sur la bonne nouvelle, mais seulement ce qui concernait son premier avènement.

Durant son ministère, il a également expliqué à ceux qui avaient été appelés à le suivre que le royaume de Dieu était à venir. Il a parlé de la nature du royaume à ses disciples, expliquant les paraboles et apparaissant à certains dans une vision du royaume, que nous connaissons sous le terme transfiguration (voir Matthieu 16 : 28 – 17 :9).

Et finalement, les apôtres se chargèrent de transmettre la bonne nouvelle. Ils donnèrent une nouvelle dimension au message – celle d’avoir été témoins de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ. Après sa résurrection, Jésus leur dit : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1 : 8). Personne n’a pu faire ceci auparavant ou depuis. Nous disposons tout simplement de leur témoignage écrit.

Le rôle unique de Paul

Comme nous l’avons vu, Paul, qui fut un apôtre mais pas un témoin oculaire, a été beaucoup utilisé pour proclamer le message de l’Évangile. Dans son cas, cela concernait « le reste des hommes » dans le monde romain situé au-delà de la Judée. Ceci fut confirmé lors d’une réunion spéciale du leadership de l’Église du premier siècle organisée à Jérusalem et rapportée dans Actes 15.

La manière dont Paul a présenté son message dépendait de son audience. Actes 17 contient des récits de ses visites dans les synagogues de Thessalonique et Bérée. À Thessalonique, « Paul y entra, selon sa coutume. Pendant trois sabbats, il discuta avec eux, d’après les Écritures, expliquant et établissant que le Christ devait souffrir et ressusciter des morts. Et Jésus que je vous annonce, disait-il, c’est lui qui est le Christ » (Actes 17 : 2-3). À Bérée, il adopta une approche similaire.

Peu de temps après, à la synagogue d’Athènes mais également sur la place publique, il parla de Jésus et de la résurrection. Lorsque les philosophes grecs le questionnèrent, il utilisa un discours différent de celui qu’il avait utilisé à la synagogue. Il fallait qu’il soit différent pour que les philosophes l’écoutent. Il n’a pas utilisé les Écritures pour son argumentation. Il n’a pas mentionné le nom de Jésus. Mais comme à Thessalonique et Bérée, Dieu a appelé des gens grâce au message délivré par Paul.

La bonne nouvelle pour aujourd’hui

Lorsque l’on prend en considération la manière dont l’Évangile a été proclamé au fil des siècles, il est important de penser au fait que cette proclamation présente de nombreux aspects. Il y a en effet différentes manières de le proclamer. Voici comment le Nouveau Testament le décrit également : c’est l’Évangile de paix, l’Évangile de Dieu, l’Évangile de Christ, l’Évangile de la grâce de Dieu, l’Évangile du royaume, l’Évangile du salut.

« Mais pour le moment, il faut que Jésus-Christ reste au ciel, jusqu’au jour où tout sera remis en ordre. Depuis longtemps, Dieu a annoncé cela par la bouche des saints prophètes. »

Actes 3 : 21, La Bible Parole de vie

De nos jours, nous bâtissons sur toutes ces anciennes variations sur le thème de l’Évangile et ses manières de le proclamer.  À Vision, nous recherchons les conseils de Dieu pour qu’il nous aide à voir quels sont les meilleurs moyens de communiquer avec une société de plus en plus sceptique et individualiste et pour qu’il ouvre des portes vers le grand public. La bonne nouvelle pour l’humanité aujourd’hui comporte des solutions aux dilemmes qui dépassent largement l’aptitude de l’homme à résoudre des problèmes. Ce message contient les réponses aux problèmes économiques, politiques, pédagogiques, religieux, sociaux, médicaux, agricoles et environnementaux, mais bien d’autres encore. Il se base sur la foi que le royaume de Dieu promis sera instauré sur la terre, « afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur, et qu’il envoie celui qui vous a été destiné, Jésus-Christ, que le ciel doit recevoir jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes d’autrefois » (Actes 3 : 20-21).